111004 Une compulsion pour une autre ?

P1210117
i111004a Triage Saint-Georges Crosne Montgeron Forêt de Sénart Champrosay

P1210131
i111004a Triage Saint-Georges Crosne Montgeron Forêt de Sénart Champrosay

Ce titre pour répondre à la fin de mon billet précédent « Schizophrénie périphérique ? ». Est-ce que je dois arrêter la bière ou bien prendre Charles Bukowski comme modèle ? Le devenir Gonzo de banlieuedeparis, c’est-à-dire atteindre l’objectivité du phénomène Très grand Parisien par la mise en pratique de la plus grande subjectivité, cela nécessite peut-être de réinvestir mes capacités compulsives sur ce projet… Cela voudrait dire aussi qu’on atteint pas l’introspection par l’affirmation de la simple volonté, mais plutôt par la ruse et l’ironie. Ce n’est pas aussi nihiliste qu’un livre de Charles Bukowski, c’est plutôt quelque chose de constructeur de la relation à l’autre, même si la marche peut être assimilée à la consommation de substances psychotropes. La chimie de la marche est sûrement plus complexe que la fabrication de morphine lorsque le nombre de kilomètres s’allonge, ou bien les décharges d’adrénaline provoquées par des effets de seuils, des franchissements ou la satisfaction de la curiosité. Quant au diagramme de Venn qui classe les différents psychotropes, voir aussi les diagrammes de Lewis Carrol, dont il est question plus bas dans cet article, cela peut-être une bonne piste pour la marche (« refuser la dissymétrie entre l’intérieur et l’extérieur ») !?

C’est dans cet état d’esprit que je suis partie me promener hier après midi, un peu tard, vers 15h30, étant donné le soleil qui se couche de plus en plus tôt = 17 kilomètres.

J’ai pris le 182 jusqu’à Villeneuve Triage, puis la fameuse passerelle pour rejoindre Saint-Georges. Après plusieurs approches récentes infructueuses, j’ai enfin un peu compris ce qu’était le coteau qui part vers Bonneuil-sur-Marne et ne suit pas du tout le tracé de la Seine, il faut monter ou descendre la rue Laboré. Avant de partir, sans avoir complètement définis sa localisation, je souhaitai réaliser un transect perpendiculaire à la vallée de l’Yerres. Mais à l’évidence il fallait aussi poursuivre par la traversé d’un morceau de la forêt de Sénart jusqu’à Champrosay ou Soisy-sur-Seine.

Cela donne donc une sorte de transect plié… mais il y a plusieurs traversée que je peux décrire isoléments comme autant d’étapes clefs de cette promenade. La passerelle est l’une d’elle, mais c’est devenu une routine, un passage pour aller ailleurs, un peu comme le bus 182. Ensuite, le coteau, puis les jardins ouvriers sur le plateau derrière le fort de Villeneuve, la petite forêt qui jouxte et sa clairière ou décollent des petits avions télécommandés qui font des loopings et menacent de me tomber sur la tête… A ce moment là comme il est déjà presque six heures je me demande si j’aurais le temps d’aller jusqu’à Champsrosay ou Soisy, ou plutôt l’envie réel de traverser 6 kilomètres de forêts dans la nuit. Les jardins sont pleins de légumes, ils recouvrent une surface considérable. Au delà, après m’être égaré du coté de la zone d’activité de la Plaine Haute, je me retrouve en situation de belvédère sur la vallée de l’Yerres, sans que celle-ci ne s’offre vraiment au regard. En face de moi à environ 2 kilomètres, au-dessus du clocher de Montgeron, j’aperçois la silhouette familière de ce grand ensemble avec ses couvertures d’ardoises ridicules qui le font ressembler encore plus à une place forte.

Bien qu’il s’agisse d’un repère incontournable, plusieurs kilomètres à la ronde, je ne l’ai jamais situé précisément. C’est ce qui me motive à sortir de son sac mon appareil numérique. je descends et traverse l’Yerres divisée en plusieurs petits bras qui contournent îles et ilots. De l’autre coté des voies ferrés j’ai la sensation que la grand rue de Montgeron remonte en faux plat vers la forêt de Sénart, sans laisser aucune vue sur la vallée, c’est une petite frustration, mais je réalise que mon itinéraire ne définit pas du tout un transect…

À l’entrée de l’avenue de la Grange j’hésite à continuer ou à redescendre sur la gare de Montgeron. Je mesure le trajet en forêt sur la cartes. Il est 18h30, il me faut au moins 2 heures pour rejoindre la gare de Ris-Orangis, l’itinéraire par Soisy et son écluse est trop long, mais je ne peu pas resister à l’idée de traversé la forêt au crépuscule. Le soleil se couche vers 19h30. Et puis la promenade serait comme écourtée, incomplète, elle perdrait toute sa signification.

L’avenue de la Grange, est composée d’une grande pelouse centrale longue de mille mètres, bordée de deux majestueuses allée piétonnes couvertes de tilleuls le long desquelles s’alignent de belles maisons bourgeoises et leurs jardins, le grand ensemble dont il est question ci-dessus est là juste derrière. Populations mixtes de jeunes lycéens, jeux de plages, poussettes et voisins qui discutent. Après la canicule de septembre, première journée grise mais quelques rayons en fin de journée ! Rue du bois galant j’hésite quant même à aller identifier mon repère de plus près, mais finalement je reste sur mon chemin. La route forestière de Pierreuse que j’emprunte par la suite, même à cette heure tardive, reste encore un peu trop fréquentée. Alternance de zones caillouteuses où mes pas sont bruyants et de zones sableuses silencieuses.

Ce matin en lisant le dossier consacré à la banlieue et l’islam par le journal « Le Monde » en date d’aujourd’hui, j’ai envie d’établir une comparaison entre l’avenue de la Grange à Montgeron et une promenade d’il y a plusieurs années, sur l’aqueduc de la Dhuys qui sépare Clichy-sous-Bois et Montfermeil, après le centre commercial des Sept îles, au niveau des cités des Bosquets (Montfermeil) et de la Forestière (Clichy). Je repense aussi à la suite de cette promenade dans la forêt de Bondy. Ce dossier banlieue m’agace. Toujours ce même discours d’intégration tenu par des gens qui défendent eux aussi les frontières de leur propres ghettos… Cela aboutis surtout toujours à plus d’abstraction mathématique de la part de l’État, des aménageurs, des urbanistes, plus de normalisation, de mise au carré. Toujours moins de subjectivités et de finesses dans l’appréhension des choses, des toutes petites choses sensibles qui pourraient tout changer, comme cette avenue de la Grange. Comme le fait de laisser pousser l’herbe sur l’aqueduc de la Dhuys ou de ne pas lutter contre l’islam par l’intégrisme laïc façon Claude Bébéart et Institut Montaigne (la cantine républicaine obligatoire imposée par la CAF aux familles). Cette tradition de mettre les gens dans des cases. À défaut de dresser un inventaire exhaustif des grandes cités emblématiques de banlieue, ce qui serait assez intéressant et poserait la question de l’emblème, les infographies publiées par le monde cherchent à faire « concret » en donnant quelques noms (toujours les mêmes, misère du journalisme) : La Forestière à Clichy, Le Franc Moisin à Saint-Denis (fautes d’orthographes sur le nom de ce quartier dans le journal), les Carreaux à Villiers-le-Bel, la Grande Borne à Grigny, etc. et il n’y a toujours pas le noms de cités sur les cartes.

Leave a comment

0 Comments.

Leave a Reply


[ Ctrl + Enter ]