130104 Maffia blues 2013 !

P1000419

Montparnasse, Porte de Vanves, Malakoff, Clamart, Issy, Bas Meudon

Cette première balade comme préliminaire de l’année du Serpent (enfin pas avant le 10 février… en attendant on est toujours dans l’année du Dragon). En tout cas cette première promenade comme une chanson. Un petit plaisir pris ce jours là. Deuxième raison : préparer la promenade du 19 janvier Porte de Vanves nécessite évidemment de resituer l’affaire dans son contexte.

Je m’aperçois avec un peu d’effroi tout de même que cet itinéraire convoque un foultitude de choses un peu épaisses dans ma cervelle. Le fait d’avoir inviter S. justement à ce repérage me questionne, je suis vraiment amoureux c’est certain. Ce n’est pas une sinécure !

On commence devant la gare Montparnasse, puis en bout de quais sur la gauche on prend l’escalier qui mène au jardin Atlantique, afin de bifurquer et traverser la résidence Mouchotte, on aperçois les caoutchoucs de Raymond derrière les vitres du premier étage sur dalle de cet ensemble Dubuisson. S. est terrifiée par l’architecture un tout petit peu S.F. On poursuit jusqu’à Malak via Porte de Vanves où évidemment je resitue Popov le Rouge sans qui banlieuedeparis n’existerait pas. Sur une idéee de S. on explore le marché couvert où je trouve ce livre que j’ai dévoré depuis. C’est une mine d’or sur le Hard Boiled, mouvement littéraire des années 30 qui à inventé le Polar. Michel Martens explique aussi comment et pourquoi son histoire à été enfouie, ses auteurs volontairement oubliés par les majors américaines de l’édition, tout cela étant par trop subversif et pas assez commercial et surtout finalement trop politique. Pourtant, on n’en a pas fini avec ce genre étant donné l’accélération dans la déliquescence de nos sociétés maffioso-étatico-libérales. Cependant le polar français reste assez sage et chiant façon Agatha Christie. Izzo, comme exemple moyen était un passionné de cuisine provencale, ce qui ne vaut pas un peu plus de violence. Faudrait écrire des polars façon Hard Boiled donc notamment bien documentés sur le sud de la France contemporain ou encore la Seine Saint-Denis, les Hauts de Seine ou le Val de Marne. Dantec à commencé il y a une vingtaine d’année par quelques bons premiers polars entre Vitry, Choisy et Créteil, mais après il est tombé dans la métaphysique et le dogme, Baudrillard lui a lavé la cervelle… il s’est mis à surfer sur la vague radicale façon Thierry Meyssan versus théorie du complot et s’est exilé préventivement au Canada. Surtout il s’est mis à faire de la ligne comme on dit, et c’est bien dommage.

Je me paye l’ouvrage de Martens pour 4 euros, le bouquiniste du marché qui ne vend que des occases est un vrai libraire. Le reste du centre de Malak est devenu un boboland pour apparatchiks bourgeois-communistes avec quelques pauvres sur les bords pour tenir le décor (Malgré le démenti d’Armelle).

Après on ressors du marché pour se retrouver assez vite sur la très fameuse Départementale 50, cette route tellement importante pour les débuts de banlieuedeparis. À quelques centaines de mètres de là (en direction de Vanves où créchait Popov vers la fin du siècle dernier au onzième étage au dessus du TGV), on rentre à la Madelon en face de l’annexe de l’Insee. J’explique à S. que nous fantasmions à l’époque d’organiser un plastiquage d’envergure de l’établissement public (de nuit pour essayer de ne tuer personne). Façon à conjurer la bêtise d’un collègue des manifs lycéennes de 86, Jeune Communiste dont le rêve ultime était alors de faire carrière à l’Institut National des Statistiques et Études Économiques.

Émotion de rentrer une nouvelle fois à la Madelon, ce haut lieu de la banlieue de Paris, cantine ouvrière fréquenté notamment par Pierrot le Fou (le prénom à été changé), tireur d’élite de la CGT (je brode ou bien je mélange différents membre du syndicat de façon à brouiller les pistes)… C’est une vraie madeleine de Proust !

Reconnections d’un certain nombre de promenades vraiment lointaines : celles des débuts, lorsque je venais me perdre par ici, désorienté, déboussolé, paumé pour de vrai ! Du coup, on discute psychologie évidemment, l’inconscient, les associations d’idées et la nécessité de la promenade dans ce cadre, la subduction des souvenirs, les différents types de mémorisations, ce type de mémoire qui nécessite la promenade pour refaire surface. Tout cela comme une évidence connue depuis longtemps mais qui s’affirme, se vérifie et se partage. Le plaisir d’une conversation et d’un petit verre de Sancerre.

Ensuite on mets le cap sur le fort d’Issy (Santini n’à vraiment pas de quoi être fier), l’hôpital Percy, le bas Meudon. On continue à suivre la ligne de train jusqu’à la maison de Rodin ou je n’étais jamais rentré. Le type devait être assez infernal et pas mal lubrique. Il y a des jolis petits culs féminins exposés, je suis particulièrement attiré par une vitrine ou le maître constitue à la façon d’un taxidermiste une collection de petits modèles qui figurent nos différentes émotions ! On profite un peu du jardin avant de poursuivre.

Le Bas Meudon, c’est tout de même un peu plus loin, 1 kilomètre (ouest/ nord-ouest) à vol d’oiseau. On descends le coteau par un petit chemin qui serpente entre les propriétés au bout de la rue Estienne d’Orves et passe sous le viaduc du RER C, ensuite on enfile l’avenue de Verdun vaste ensemble homogène de promotion immobilière débile (Chine populaire façon vaches folles française et politiciens défoncés à la coke). Au bout, une fois passé sous les voies du T2 puis rendu sur les quais, les choses s’arrangent (pour le moment).

J’achète une 8/ 6 chez l’épicier et on s’assoit sur ce muret en béton devant cette tour qui va bientôt disparaître. Là, juste en face de l’ancienne entrée principale de la Régie Renault (alias le Krak des ouvrier). Une image plus ancienne de la tours doit figurer quelque part dans mes disques. S. me pique la moitié de ma boisson, ce qui nous oblige à revenir plusieurs fois à la source. L’épicier qui n’est pas du bled rigole bien. Le Bas Meudon dans son ensemble n’en a plus pour longtemps. Dans la tours, quelques appartements avec de la lumière semblent donc encore habités, ainsi que le restaurant dont le volume avance vers la Seine au niveau du premier étage. Mais le permis de démolir est déjà affiché.

Leave a comment

0 Comments.

Leave a Reply


[ Ctrl + Enter ]