banlieuedeparis

S39/ 2004
banlieuedeparis / semaine 39 : lundi 20 - dimanche 26 septembre

Jeudi 23 septembre 2004

Cf. CARTES > MICHELIN 19, IGN 2314 OT, MICHELIN 101, MICHELIN 106

BOBIGNY - parc départemental de la Bergère, canal de l'Ourcq, cité administrative n°2, pavillon du parc, avenue Paul Vaillant Couturier (R.N. 186), chemin de Halage, NOISY-LE-SEC, chemin de Halage, BOBIGNY - place Saint-Just, NOISY-LE-SEC, rue de Paris (R.N. 3), restaurant Istambul 2000, TRAM T1

Le désir de vouloir disparaître, de vouloir se fondre dans le décor. À l'arrêt Libération, dans le tramway pour Bobigny, je me remémore l'image de cet immeuble en brique au dessus de la Nationale 20 devant lequel j'avais ressenti ce désir il y a plusieurs années déjà. Quant il montre le bout de son nez il est toujours associé au souvenir de cet immeuble. Mais comme dans les rêves l'image que j'en conserve est incertaine. De plus, je n'arrive plus à me souvenir de la localisation précise de cet immeuble sur la commune d'Arcueil, de Cachan ou de Bourg-la-Reine. Le 3 mars dernier, sur la R.N. 20 avec Nicolas, j'en enregistre une possible image sans être certain qu'il s'agisse du même endroit.

À l'arrêt Libération, je pense à la difficulté de vivre là, le nez par terre, sans autre horizon. Même si c'est infiniment plus riche que n'importe quel quartier de Paris. La seule solution est d'habiter ici tout en glissant d'un point à l'autre ? Il faut s'aménager son propre territoire. Mais la plupart de ceux qui ont ici un logement et qui circulent n'habitent pas réellement sur place ? Ils ne font pas cette démarche volontaire ? D'autres habitent effectivement enfermés ? Il n'y a pas de demi-mesure ?

Je visite la biennale, ce qui était l'objectif premier de mon déplacement. Puis je commence à me promener le long du canal. Je connais plusieurs endroits tout autour sans savoir comment ils se relient entre-eux. L'A. 3 et l'A. 86 qui se rejoignent le long de la frontière de Noisy-le-Sec et Bondy forment un "Y". Au milieu des deux branches du "Y" se trouvent le pont de Bondy et la place Saint-Just aux confins de Bobigny. C'est sur ce rond-point improbable que commence cette sorte de ville linéaire structurée par la R.D. 30. La route départementale traverse Bobigny, Drancy et Le Bourget puis elle poursuit son chemin de l'autre coté de la R.N. 2 jusqu'au carrefour des Six Routes à La Courneuve.

Ici, plus bas, le tronc de ce "Y" autoroutier signale une très importante limite de la tectonique urbaine. J'aimerais beaucoup me promener jusqu'aux environs de Rosny 2 en suivant l'autoroute mais je n'ai pas assez de temps. Ce manque de temps chronique me met face à un vrai dilemme. Mes promenades sont de plus en plus souvent trop courtes. Et puis il y a aussi le retard croissant de mes messages hebdomadaires. Réfugié dans ce restaurant turc au bord de la rue de Paris (vue sous un autre angle, la R.N. 3) , j'hésite à prendre des images depuis ma table. Les serveurs ne savent pas me dire comment s'appelle le quartier, ils ne sont pas d'ici. Ils ne savent même pas si ils sont sur Bondy ou Noisy-le-Sec. Je profite des mélopées de la musique d'ambiance et je reprends plusieurs fois du café avant de me décider à rentrer. Je ne visiterai pas non plus Bondy aujourd'hui.

Dans le tramway, deux jeunes filles sont assises de l'autre côté de l'allée de chaque côté de la fenêtre. L'une d'elle écoute du raï sur le petit haut parleur d'un baladeur, des écouteurs pendent de chaque côté de ses oreilles. Elle bouge les bras, les mains et les épaules en rythme, elle arrête la musique, cherche une autre plage puis recommence. Son comportement rend sa copine complètement hilare. En face de moi il y a un jeune mec avec une veste en cuir de motard, orange fluo avec des grosses étiquettes de toutes les couleurs de différentes marques de mécanique. Je n'ai pas forcément envie de faire le portrait de mes voisins, mais j'ai envie d'enregistrer des images de cette situation. Quand je me décide, il est trop tard. Maintenant je me dis que j'enregistre trop souvent des images grises.