160825 banlieue de la crise de nerf

En manque d’amour
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Voyage interstellaire immobile, Paris 13, Fleury-les-Aubrais, Le Bec d’Allier, Hollywood

Juillet aout 2016, deux mois de promenades difficiles

La banlieue globale, l’ensemble de la glace, toutes les iso-strates interconnectés par Muethdiver et Neuromancien se définissent comme une seule ville diffuse de zones proliférantes surdifférenciées mais caractérisées par le manque d’amour. La banlieue, ville en devenir est une ville en manque d’amour qui oscille encore entre prostitution et cancer. Cette oscillation est le scandale politique d’une masse devenue hors contrôle. La banlieue est une ville en manque d’amour, mais la ville est devenue une prostituée, une no-go zone marchandisée, but ultime de nos pseudos élites corrompues adorateurs des biosphères artificielles climatisées, ce n’est pas un rébus, ni un syllogisme mais la description la plus exacte possible de l’étendue traversée au fil des ans ici. Il est tant de prendre un peu de hauteur, ou bien plutôt de revenir à une assiduité un peu plus soutenue des billets ?

Pour en revenir au manque d’amour. Alors si j’aime la banlieue c’est que j’aime le manque ? Cela devrait m’aider à lutter contre mes addictions ? La banlieue peut-elle être « en désir de », à défaut de devenir désirable. Elle est le dernier bastion qui résiste à nous transformer en clients, comme le font tout nos processus pseudos culturels. Être « en désir de », est-ce déjà être amoureux ? Être « en désir » de quoi ou de qui ? La banlieue manque de féminité, trop d’aspérités, de barbelés, tessons de bouteilles. Pourtant le terrain vague ?

Zones Blanches, j’ai numéroté par ordre d’apparition tous les lieux du petit bouquin de Philippe Vasset. J’arrive à 97. Lorsqu’il est sorti je n’ai pas pris ce petit bouquin au sérieux surtout à cause de sa zone de prospection limitée à la petite couronne parisienne, où justement les zones blanches sont en voie de disparition. Il en parle page 124. Les terrains vagues aussi disparaissent mais pas la violence. Terrorisme ordinaire de quelques caïds protégés comme éléments de la biodiversité. Chiba a besoin de Ninsei, nos États on besoin du conflit Syrien et nos élues de banlieues, des gros cons en motos trials ? Terrorisme ordinaire.

Même la banlieue se met à puer l’utilitarisme et le proxénétisme de tout le système. Telle « La Vallée heureuse » des collines de Hollywood, si bien décrite par Raymond Chandler dans « La grande fenêtre ». Ma propre haine monte en même temps que mon manque d’amour. Non pas que j’ai épuisé toute l’étendue, mais il me manque ces dernières semaines cette stimulation pour partir me promener ailleurs, partir chercher ce morceau précieux de marge qui habituellement me sauve, …

Il me faut maintenant souvent une ou plusieurs autres personnes avec qui partir dans cette recherche au départ solitaire. Ç’est peut-être bien, c’est peut-être une bonne nouvelle ? Le processus de guérison face à un véritable processus régressif, face à un repli trop complet dans l’imaginaire et les fugues de mon enfance ? Chandler toujours, même Opus, p. 223, coll. « Carré noir », 1982, le Docteur Carl, le psy à qui fait appel Marlowe, un grand juif costaud avec des petites moustaches comme Hitler, dit de Merle : « La gamine est, de toute évidence névrosée. Et c’est en partie fondé et en partie volontaire. Je veux dire que dans une certaine mesure, elle s’y complaît. Peut-être même sans s’en rendre compte. De toute façon ce n’est pas ce qui compte pour l’instant. »

Car il y a aussi la crise d’angoisse, crises de panique, de doutes, crise de nerfs, les prostrations, la maladie, la famille, les factures impayées, l’endettement, les dossiers à rendre, les gens qui voudrais vous faire faire quelque chose à leur gout mais pas au votre, les psychiatres douteux, l’alcool, la difficulté de savoir par quoi commencer qui vous empêche de commencer tout cours, ou bien le travail devenu vide de sens qui empèche de mener celui qui en a encore, les journées vidées de désirs. Toute cela participe-t-il d’une stratégie d’anéantissement cohérente des individus par la machinerie interstellaire ?

Étant donné que nous sommes de plus en plus nombreux à subir ces genres d’aliénations, particulièrement en banlieue globale, cela se met à exploser d’un peut partout, à la ceinture d’explosif si il le faut ! En tout cas, plein de gens refusent d’aller travailler chez Mac Do pour un demi Smic en horaires aléatoires, et moi tout pareil, c’est un engagement et une souffrance.

Mais Je n’ai parlé ici, ni de cette passerelle de tramway qui double le Pont de Joie (c’est son nom), au dessus des voies ferrées en limite d’Orléans et de Fleury-Les-Aubrais (Loiret – 45), tout près de la gare Sncf, et d’où l’on vois un gros paquet des châteaux d’eau du nord de l’agglomération orléanaise. À partir de ce point précis, j’ai tout un projet d’exploration à proposer à cette fameuse « Agglo » ou j’ai grandi (en marge et en fuite). Ni parlé de cette sorte de « terrain vague » constitué d’une étendue herbeuse pleine de trous et de bosses où se cacher. Des trous et des bosses recréées ou déplacées de temps à autres lors du débordement des eaux mélés de la Loire et de l’Allier. Étendue qui est heureusement protégée des iso-strates centripète par la levé Bec d’Allier, élément logiciel connu dans la Conurb, sous le nom de « G.L.A.C.E., Générateur de logiciel anti-intrusions par contremesures électroniques ». J’ai dormis là, vers le milieu, à la belle étoile, sous une sorte de gros peuplier isolé, par une nuit de lune. Elle s’est couchée assez vite laissant place à un ciel sans nuage presque favorable à l’observation du cosmos.

Faut-il que je remonte d’autres fleuves, toutes sortes d’autres fleuves, noirs, invisibles, immatériels, … Notamment pour retrouver un peu de joie à la promenade inquiète. Et chercher à inquiéter le petit monde de la promenade, qui lui aussi peut se mettre à ronronner comme les ventilos des machines du grand bazar. Voilà que je me prends pour Pessoa, ça craint d’autant plus, que je ne suis pas employé de banque, mais plutôt chômeur longue durée, enfin comme tout vrai promeneur contemporain, peut-être ?

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