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Envoyé : Dimanche 26 février 2006 21:05
Objet : Banlieue de Paris S05/ 2006

S05 /2006
banlieuedeparis / semaine 05 : lundi 30 janvier - dimanche 5 février


Mardi 31 janvier 2006 - R.E.R. A, " Nanterre - Préfecture ", Houilles,
Carrières-sur-Seine, Bezons, Colombes, Nanterre

Cf. CARTES > MICHELIN 17 (AS 36 - AV 37), RATP " secteur 6 : Hauts-de-Seine Nord",
MICHELIN 101, IGN 2314 OT (A/B,1/2-B,2).

R.E.R. A - stations "Auber", "Nanterre - Préfecture", "Houilles - Carrières-sur-Seine", HOUILLES - rue Maurice Berteaux, place de la Gare, Tabac de la Gare, passerelle, rue Robespierre, rue Danton, rue Baudin, rue Anatole France, chemin des Carrières, rue du Réveil Matin, avenue Jean-Jacques Rousseau (R.D. 311), CARRIÈRES-SUR-SEINE, route de Saint-Germain (R.D. 311), rue du Général Leclerc (R.D. 321 - route d'Argenteuil, 14,5 km de Versailles), résidence du Soleil Levant, rue des Cents Arpents, cité de Transit, base radio de la Marine Nationale, rue des Alouettes, lycée les Pierres Vives, cité du Petit Bois, route de Saint-Germain (R.D. 311), rue des Vignes Blanches, tunnels de l'A. 14, allée des Vignes Blanches, square du 19 mars 1962, rue du Général Leclerc (R.D. 321), le Vieux Carrières, route de Chatou, rue Gabriel Péri, rue de la Fontaine, place Alex Lecchi, parc de la Mairie, la Seine, quai Charles de Gaulle, place des Fêtes, sentier de Hallage, viaduc de l'A. 14, viaducs S.N.C.F., route de Bezons, rue des Entrepreneurs, BEZONS - route de Carrières, rue Charles François d'Aubigny, bus 363, rue du Président Salvador Allendé, rue Jean Carasso, rue Émile Zola (R.D. 308), pont de Bezons, COLOMBES - boulevard du Havre, bus 367, les Quatre Chemins, rue Gabriel Péri (R.D. 986), NANTERRE - avenue de la République (R.D. 986), avenue de la Commune de Paris (R.N. 186), avenue du Général Galliéni, rue de la Gare.

s052006.rtf (cliquer ici pour télécharger le texte au format rtf)
31 janvier 2006
(cliquer ici pour consulter l'intégralité de la promenade)

L'autre jour, au moment de l'arrêt du train en gare de " Nanterre - Préfécture " je crois me souvenir que j'étais perdu dans un rêve. Peut-être s'agissait-il justement d'un songe autour du projet d'aller voir de ce côté à quoi cela ressemblait. Je me réveillai juste un tout petit peu trop tard au moment où je survolais, comme aujourd'hui, les abords de la papeterie, le parc du Chemin de l'Île, l'échangeur, la Seine, l'Île Saint-Martin. La traversée depuis le train est très belle. La papeterie ne semble pas aussi fermée sur elle-même. C'est je crois, à cause du grand terrain vague au premier plan que l'on ne peut pas voir quand on est au sol et où sont installées pas mal de caravanes.

En novembre dernier, lors de ma seconde promenade dans le secteur, en visitant enfin le parc du Chemin de l'Île, j'avais cherché sans résultat le chemin en question. Aucune passerelle, aucun bac ou pont transbordeur n'assure le passage. N'aurait-il pas fallu commencer par construire quelque chose pour que l'on puisse aller se promener dans l'île au milieu de la nature sauvage ? Est-ce que cela aurait été trop coûteux, étant donnée la hauteur nécessaire des ouvrages ? Cette étanchéité, 6 kilomètres sans un seul passage piéton, est-elle voulue ? Est-ce un élément de la planification urbaine afin d'être certain que les habitants de la "deuxième boucle" ne prennent pas le large, pour contenir le développement de la tache urbaine, comme on dit, en enfermant les Parisiens à l'intérieur d'un périmètre convenable et en ne leurs offrant que certaines possibilités de circulation précisément étudiées ? Ou bien s'agit-il de protéger l'île Saint-Martin des visiteurs dans un souci d'écologie ? Nanterre fut conçue comme un grand parc d'habitation coupé de son environnement et relié directement au centre de Paris ? Surtout pas relié à Houilles en tous cas. L'axe majeur, ce n'est pas pour les piétons, c'est une pure vue de l'esprit ? Évidemment tout ce dispositif d'enfermement ne fonctionne pas. L'accroissement de la tache urbaine n'est toujours pas stoppé et cela fini très normalement par exploser. Faudra-t-il attendre que l'intérieur de Paris soit en flammes pour que les spécialistes envisagent la possibilité d'une légère erreur dans leur programme ? Est-ce que c'est aussi peu probable que ça ? A moins que cela ne soit déjà prévu comme éléments de désordres nécessaires à la réalisation d'un d'un vaste programme pour nous claquemurer définitivement dans la bétonnite généralisée et imposer l'exploitation entière de la société comme nous l'explique très précisément Le Droit à la ville de Lefebvre ?

Je retourne donc à Houilles aujourd'hui. La lumière n'est pas aussi belle que mercredi. Les lointains sont brouillés malgré le soleil d'hiver. Je rate aussi cet instant où les fenêtres du train surplombent le tout petit sentier qui court au milieu de l'île bien rectiligne entre les arbres. J'ai la très belle image de l'autre jour dans la tête. Depuis les quais de la gare, les tours de la Défense au fond sont presque effacées. J'ai un peu planifié ma promenade, je sais que je veux d'abord rejoindre les viaducs de façon à voir ce qui se trouve juste derrière le parc, derrière Nanterre, de l'autre côté. Mais je ne suis pas fixé sur la suite. En regardant la carte tout à l'heure j'hésitais entre partir vers le nord en direction du pont de Bezons, pour ensuite explorer la façon dont Nanterre communique avec Colombes, ou bien partir vers le sud, du côté de Chatou puis mettre le cap sur le Mont Valérien ?

Sur la passerelle de la gare j'hésite mais cette fois entre le quartier du Réveil Matin et le centre-ville. Côté sud j'aperçois au fond de la rue Danton cette fameuse antenne de la Marine Nationale qui me sert de repère depuis des années. J'ai envie d'aller la voir de près et de pouvoir enfin la localiser avec précision. Donc je descends d'abord de ce côté et je fais un repérage déjeuner autour du café portugais "La Passerelle". Il y a au fond de la salle un grand comptoir en formica magnifique totalement désert. Je remonte et je redescends côté centre-ville pour m'acheter quelque chose dans la boulangerie, place de la gare. Je mange chaud au-dessus des quais en regardant les tours de la Défense. Ces petits gratte-ciel franco-français, vus d'ici, font triste mine à côté de ceux de Manhattan. Il serait en effet assez urgent de construire une tour qui ait un peu de hauteur ? Sur fonds publics bien sûr de façon à engraisser un peu plus les bétonniers de l'Empire. Le problème c'est que les gens tout en haut de ces constructions se sentent très vite supérieurs au reste du troupeau. Une fois mon déjeuner terminé j'hésite à nouveau sur le côté où aller boire un café. Je redescends côté centre-ville et je rentre au Tabac de la Gare devant lequel je suis passé tout à l'heure. Après une dizaine de minutes j'ai très envie de faire une image de la bande de copains, l'air un peu louche, qui commencent à jouer au baby-foot. Cela me changerait de mes images désertiques qui oublient très souvent de rendre compte de la chaleur humaine que je rencontre le long de mes promenades. Les joueurs de baby-foot acceptent mais l'un d'eux, hésitant, et que je croyais être le bistrotier, finit par me dire qu'il faut attendre le retour de son patron. Il peut ne pas être d'accord que je prenne des photos de son café ! Je ne suis même pas sûr qu'il ne me raconte pas des bobards, que ce ne soit pas lui le patron justement ? Mais je repars avec la ferme intention de revenir. Travail de longue haleine, cf. Doisneau. C'est légèrement différent de ma façon habituelle mais cela peut ne pas en être si éloigné que ça.

Je traverse à nouveau la passerelle et je mets le cap sur l'antenne. Rue du Réveil Matin, je fais de belles trouvailles. Tout au bout, le carrefour avec la route de Saint-Germain m'oblige à marquer l'arrêt bien que j'envisageais d'abord de continuer tout droit, l'antenne me paraissant maintenant trop éloignée de ma trajectoire. Et puis il y a en face, rue du Général Leclerc, une très belle lumière sur le macadam qui monte en pente douce. Je fais le tour du carrefour avec mon enregistreur à la main et je décide malgré tout de continuer sur Carrières côté antenne. La localiser avec précision est devenu quelque chose de vraiment important pour ma compréhension des environs de Nanterre. Je traverse la résidence du Soleil Levant. Les façades hérissées de paraboles discutent ferme avec les grandes oreilles de la Marine, les frontières ne sont peut-être pas là où on les attend ?
De l'autre côté de la résidence, derrière des petits plots d'habitations un peu délabrés, je me retrouve devant les grillages qui entourent la base radio. Le terrain qui sépare les habitations du camp militaire semble offrir un condensé de périphérie. C'est de toute évidence l'emplacement exact de la banlieue de Nanterre. J'aimerais bien y faire une exposition, histoire de mettre la périphérie au centre comme disent les politiciens. J'ai envie d'habiter là. Il faudrait revenir ici avec un voltmètre. Autant les frontières de par leur épaisseur peuvent connaître une infinité de dégradés autant on se trouve ici face à un mur. Je ne chercherai pas à le transgresser, je préfère laisser la marine dans ses tracas de communication. De toute façon des petits panneaux avec une tête de mort sont accrochés derrière le grillage à intervalles réguliers. Cela dissuade. Ils ne plaisantent pas. De ce côté il y a de la musique qui sort d'une fenêtre. Le terrain est habité. C'est peut-être son allure de no man's land qui le protège de la connerie ordinaire. Un petit jardin de plantes aromatiques devant une fenêtre est entouré d'une petite barrière en bois. Un peu plus loin une autre fenêtre grande ouverte donne sur une cuisine où l'on a envie de s'inviter à déjeuner. La nuit venue, de gros projecteurs autoroutiers fixés sur les toits doivent inonder l'espace de lumière. Tout au bout, en remontant sur la rue des Alouettes, il y a une grille bien étanche qui barre le passage. Je suis obligé de revenir en arrière pour contourner.

Juste après la grille, la route se resserre entourée de part et d'autres de barbelés, de miradors et de caméras. On dirait un peu l'entrée de la zone dans Stalker, mais cette fois je n'y vais pas. J'enregistre en zoomant l'image d'un panneau qui semble dire qu'il est interdit de photographier. Je fais demi-tour. Il faudrait pourtant tenir à jour des cartes (non-gouvernementales) de cette ville orange, des cartes qui permettent à l'individu indépendant de se forger sa propre vision synthétique de l'étendue du fait militaire sur le sol parisien, avec la localisation des usines d'armements qui prolifèrent, mention de leur nombre estimé de salariés, sans parler de leurs sous-traitants. Établir ces cartes serait une autre façon de combattre le manque d'image du grand Paris. Ce manque d'image qui est l'une des raison des " événements " récents est bien sûr la conséquence de ce fait militaire proliférant. Le manque d'images de la périphérie est à relier à cette stratégie d'enfermement de la ville et de ses habitants, vieille comme Hérode, qui prend toujours le prétexte de nous protéger de tout les dangers en nous maintenant de préférence dans un état de terreur (le journal télévisé aidant). Manque d'images qui est aussi la conséquence du monopole et de la mise au secret des représentations organisé par les Puissances (pas seulement les militaires) pour centraliser, planifier et asseoir leur domination sur le territoire. Je ne voudrais pas tomber cependant dans la panique donc je m'abstiens d'enregistrer trop d'images de trop près de tout ça. De toute façon les secrets de l'arsenal ne se trouvent pas là et derrières les grillages il y a des murs en ciment dont les plaques de ciment parfaitement jointives ne laissent rien appercevoir. Mais il ne faut pas oublier où cela se trouve. Il est important que l'on puisse encore librement enregistrer des images de la ville. Cette liberté de représentation est toujours à la limite. On va bientôt nous la reprendre ?

Je rebrousse chemin bien que ce grand espace blanc derrière la base de la Marine m'intéresse. Je veux absolument relier les viaducs ce soir. Je redescends sur la route de Saint-Germain, je m'attarde un peu au-dessus des tunnels de l'Autoroute 14 qu'il est un peu désorientant de retrouver là, puis je file sur le vieux Carrières, très joli port de pêche qui semblerait à des années lumières de Nanterre si on n'apercevait au fond des cours les tours d'habitations inimitablement grises du quartier du Chemin de l'Île. Je descends la rue du Général Leclerc. Une fois au bord de la Seine je fais une pause puis je longe le fleuve jusqu'aux viaducs.

Sous l'autoroute, un scooter démarre de façon légèrement précipitée juste avant mon arrivée. Je me sens déjà à Nanterre malgré la coupure. Après une amorce dans la zone industrielle ouest de Bezons et parce que j'ai beaucoup trop froid aux pieds pour continuer comme ça, je prends le bus 363 qui ne circule qu'aux heures d'arrivée et de départ des salariés à leur travail. Je discute transport avec une dame qui attendait avec moi et qui m'a vu tout à l'heure en train de prendre des images de la rue des Entrepreneurs. Au pont de Bezons elle m'indique les solutions possibles à la deuxième correspondance pour rejoindre le vieux Nanterre depuis les Quatre Chemins, plaque tournante où je commencerai probablement une nouvelle promenade très prochainement.


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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