RÉSUMÉ DE PROMENADE #01 > Vendredi 1er octobre 2004
RÉSUMÉ DE PROMENADE #02 > Dimanche 3 octobre 2004
RÉSUMÉ DE PROMENADE #03 > Mercredi 6 octobre 2004
RÉSUMÉ DE PROMENADE #04 > Lundi 18 octobre 2004

Première livraison électronique : 3 novembre 2004 (pour les @ssises d'Ivry)

PRÉSENTATION DU PROJET banlieued'ivry

Je réalise des promenades solitaires basées sur ma curiosité, mon besoin d'explorer la très grande ville où j'habite, mon inquiétude de savoir où nous vivons. Mais ces promenades se fondent aussi sur le plaisir des mille et une petites découvertes que je fais lorsque je marche dans la ville, le plaisir de mes sens et le plaisir que j'éprouve de comprendre progressivement comment tout cela s'agence. Lors de mes promenades je capture des images électroniques qui forment des séquences. Je les organise sous forme d'index informatiques. Précisément situées et datées, elles constituent une base de données sur le grand Paris (80 kilomètres par 80 kilomètres). À partir de ces images et de mes notes manuscrites, j'envoie par courriers électroniques des comptes-rendus hebdomadaires qui jalonnent l'avancement de ce chantier et sont consultables sur le site Internet :

www.banlieuedeparis.org

Le projet banlieued'ivry participe de la construction banlieuedeparis. Mes promenades ne suivent pas des itinéraires déterminés à priori, elles n'obéissent pas à une systématique déchiffrable. Je suis mes instincts et mes désirs de découvertes. J'étudie avant le départ les différentes cartes de la ville à la surface desquelles s'inscrivent les souvenirs de mes précédentes promenades. Comme pour banlieuedeparis, j'essaierai pour banlieued'ivry de parcourir l'ensemble du territoire d'Ivry. Mais comment faire en restant strictement à l'intérieur des frontières administratives de la Commune ? Je fais le pari (Pari-Paris) que la ville est aux frontières, dans ses faubourgs et que la ville naît de sa propre périphérie, à la marge, de sa spontanéité qui échappe au contrôle. Paris est au-dehors de Paris, tout autour, et Ivry au-dehors d'Ivry tout autour.

Pour parcourir toute l'étendue de la ville, cette étendue qui fait tenir la ville ensemble, qui fait que nous partageons la ville en commun, il faut traverser les espaces flous des frontières mal définies entre deux quartiers, deux communes, deux routes nationales, entre les deux côtés du chemin de fer ou de la Seine. Par exemple pour comprendre où se trouve le quartier Monmousseau, il faut se promener aussi à Vitry. Il me faudra souvent commencer mes promenades au Kremlin-Bicêtre, à Villejuif ou bien les finir à Charenton ou Alfortville, mais ici par rapport à Ivry, pour revenir à Ivry. Ivry n'est pas une cité idéale refermée sur elle-même au milieu de nulle part.

Monmousseau, Ivry-Port, Vérollot, le quartier Parisien, mais aussi les ponts Nelson Mandela, le front de Seine, le sentier de la Liberté, l'impasse Buessard, PMC, Gagarine, la place Parmentier, la N305 dans sa partie sud face au dépôt Ratp de Vitry, la porte d'Ivry, la rue Ernest Renan, ...

Ivry-sur-Seine, Paris-Sud, 27 octobre 2004

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RÉSUMÉ DE PROMENADE #01 >
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Vendredi 1er octobre 2004

IVRY-SUR-SEINE - place Parmentier, rue Fouilloux, rue Truillot, cité A. Pioline, rue Saint-Just, rue Descartes.

Une collègue me parle d'un bout de terrain au pied de la cité Gagarine avec quelques maisonnettes au milieu. L'aménagement de ce terrain fait, paraît-il, débat. Il est question notamment de démolir certaines de ces maisonnettes. Des habitants qui ne sont pas d'accord avec ce projet se sont mobilisés. Je n'ai pas eu le temps de tirer ça au clair. Même si la cité Gagarine est en plein centre d'Ivry, la description qu'elle me fait de cet endroit particulier me semble très proche de mon projet : espace entre-deux, interstice entre la cité Gagarine et la rue Saint-Just qui ressemble à une rue de Paris intra-muros. Je décide d'aller voir tout de suite mais pourtant sans avoir l'intention de réaliser ma première promenade de banlieued'ivry.

Je descends du Petit-Ivry par la rue Cornavin, puis je passe à travers la cité Marat. Place Parmentier, je me demande quel visage avait Ivry lors de la construction de cette façade aujourd'hui murée à l'angle de la rue Fouilloux et de l'avenue de la République. A-t-elle été édifiée en même temps que la statue de la République ? En regardant mes images, j'hésite, à déchiffrer la date de 1911 gravée en bas du monument. La République tient-elle un boulet de canon ? J'imagine que la place devait alors être un lieu de convivialité au cœur d'un quartier ouvrier très actif. C'est maintenant un carrefour et cela ne s'arrangera sûrement pas si les traces de ce passé sont effacées, comme par exemple cette façade de briques qui semble vouée à une disparition prochaine.

J'emprunte la rue Fouilloux, et je tombe directement sur ce qui doit être l'endroit décrit par ma collègue. Des gamins courent au milieu de grands rectangles d'herbe qui font triste mine tellement ils sont cernés par le béton. On aurait envie de planter des arbres de ci de là, quelques pieds de vigne, quelques roses trémières, de faire pousser des haricots et des salades, mais pas à angle droit ; ni parallèle, ni perpendiculaire aux casiers à bouteilles de la cité. La météo, le temps gris n'arrange rien à l'endroit mais il est rendu sympathique par les gens qui flânent ici malgré tout, s'adaptant à lui à défaut de l'adapter à eux-mêmes avec la bêche et la pioche.

RÉSUMÉ DE PROMENADE #02 >
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Dimanche 3 octobre

J'avais le projet de descendre à la gare d'Ivry-sur-Seine puis de suivre l'emprise Sncf qui coupe en deux Ivry : d'un côté le centre ville, de l'autre, Ivry-Port. Mais à la gare Rer de Saint-Michel les hauts-parleurs expliquent qu'aucun train ne marquera d'arrêt jusqu'à 17 heures 15 dans les gares d'Ivry-sur-Seine et Vitry-sur-Seine. Je descends finalement aux Ardoines où j'ai un paquet de souvenirs. Je marche ensuite jusqu'à Masséna, le long de ces voies de chemin de fer. C'est une suite incroyable de paysages qu'on aperçoit à peine depuis le train. L'emprise Sncf est un monde à part en plein milieu de la ville. Elle ressemble à l'étendue d'un port : voies de garage, activités économiques et terrains vagues, malgré les apparences, les choses ne sont pas figées, il faut qu'il y ait de la place libre pour d'hypothétiques flux de marchandises à venir, espaces ouverts en perpétuelles redéfinitions, cela laisse le temps à la végétation de s'épanouir, de reprendre le dessus par endroits.

RÉSUMÉ DE PROMENADE #03 >
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Mercredi 6 octobre

VILLEJUIF - terminus L7 Villejuif-Louis Aragon, rue Jean Jaurès, parking Ratp, RN7, avenue Louis Aragon, rue de Rome, sentier de Vaux-de-Rome, rue du Colonel Fabien, rue du Moulin Saquet, VITRY-SUR-SEINE - le Moulin Saquet, rue Camélinat, voie Chopin, rue du Génie, rue Lecocq, rue Berlioz , voie Schumann, rue Mozart, rue du Génie, rue Pergolèse, rue des Malassis, rue Auber, boulevard de Stalingrad (RN305), rue Gagnée, centre bus de Vitry, IVRY-SUR-SEINE - cité Gaston Monmousseau, rue Gaston Monmousseau, stade des Lilas, impasse des Hautes Bornes, boulevard de Stalingrad.

De temps en temps, j'oublie de faire attention à la direction de la rame de métro après Maison Blanche. Je me retrouve sur Villejuif par erreur. Alors il m'arrive de descendre au Kremlin-Bicêtre ou à Villejuif - Léo Lagrange puis de traverser à pied l'étendue entre la N7 et la N305 pour rejoindre Ivry. Mais je n'avais jamais rejoint Ivry depuis le terminus Villejuif - Louis Aragon. C'est ce que je fais cette fois volontairement, avec la ferme intention de rejoindre Monmousseau. Le parking Ratp qui se trouve au dessus du terminus est un véritable repère sur la N7, je monte tout en haut. On aperçoit de là l'Institut Gustave Roussy en limite d'Arcueil, et les tours jumelles de la porte de Bagnolet. On devine la vallée de la Seine derrière les bâtiments qui bordent la Nationale.

Quartier du Moulin Saquet puis quartier du Lion d'Or, il y a de magnifiques percées sur la vallée et une grande diversité de constructions. Chaque pavillon baigne dans son propre univers. Je descends sur Ivry par la rue des Malassis. Arriver à Ivry de cette façon renouvelle mon regard sur cette portion de la N305. Je réalise à quel point le quartier Monmousseau tourne le dos au boulevard de Stalingrad et à Vitry. La coupure entre Vitry et Ivry est renforcée par la double voie réservée au bus au milieu de la chaussée. L'avenue est difficilement traversable pour les piétons. De chaque côté, entre les voies de bus et les voies automobiles, des blocs en granit ont même été posés en saillie pour dissuader les piétons téméraires. Il y a Vitry-sur-Seine, l'océan de macadam et de l'autre côté Ivry.

Je traverse la cité Monmousseau. La vie du quartier s'organise autour du non-paysage de la rue Gaston Monmousseau. Le muret en plaques de ciment préfabriquées qui entoure le nouveau cimetière d'Ivry est couronné par les mâts d'éclairages des stades Clerville et Delaune. Je m'aventure sur le terrain des Lilas. J'espère pouvoir ressortir sur la N305 mais cet accès est fermé. À l'extrémité nord du terrain je prends une image par la fente de quelques millimètres située entre le mur de meulière et la porte fermée à double tour qui empêche d'accéder au petit square juste derrière. J'aperçois des jeunes qui discutent sur les bancs. Je ressors du stade par le chemin que j'ai pris pour entrer, je contourne une résidence sectorisée avec des grandes grilles, puis j'arrive à retrouver ce petit square qui relie, avec l'impasse des Hautes Bornes, la rue Gaston Monmousseau et la N305. La nuit tombe. Étant donné le désert coté Ivry, je termine ma promenade dans un bistrot de Vitry.

RÉSUMÉ DE PROMENADE #04 >
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Lundi 18 octobre

IVRY-SUR-SEINE - avenue Georges Gosnat, rue Molière, rue Lénine, rue Jean-Jacques Rousseau, boulevard Paul Vaillant-Couturier, pont Nelson Mandela, CHARENTON-LE-PONT - quai de Charenton, port de Charenton, passerelle d'Ivry-Charenton, île Martinet, chemin de Hallage, passerelle d'Alfortville, ALFORTVILLE - quai d'Alfortville, rue Véron, le Diplomate, rue Charles de Gaulle.

Je mets le cap sur les bords de Seine. J'hésite à attendre le 125 et finalement je descends à pied sur le centre ville par l'avenue Maurice Thorez. J'ai toujours du mal à comprendre ce qui se passe le long de cette rue entre le Petit-Ivry et la place de la République. Cela pourrait être un axe essentiel de la ville, mais c'est plutôt un entre-deux villes, entre-deux quartiers. Les images commencent plus loin, juste avant le pont du chemin de fer, avenue Georges Gosnat. C'est aussi à cet endroit qu'apparaissent les premières grues. Elles entourent le parc des Cormailles, un ancien terrain vague qui était l'un des quelques lieux originels de banlieuedeparis.

Je traverse sans trop de détours Ivry-Port. Tout au bout de l'avenue Lénine, tel une caricature de la maîtrise de la nature par l'homme, le fleuve, ou ce qu'il en reste, coule entre deux murs de béton. Le coin n'est pas en train de s'arranger. Cependant, dans ce décor hallucinant, quelques perles de béton armé. L'ouvrage d'art qui supporte des canalisations et la passerelle d'Ivry-Charenton pourrait se comparer au pont de Brooklyn, plus encore que le pont du Port-à-l'anglais. Il y a aussi cette enseigne géante qui écrit "St Raphaël" en lettre rouges sur le ciel où continuent à se dresser quelques cheminées d'usines héroïques. Les quais d'Alfortville et du Docteur Mass, de nuit à travers les broussailles et avec les reflets colorés des lumières de la ville sur l'eau de la Marne sont presque pittoresques. J'emprunte la passerelle d'Alfortville puis je marche au milieu de la rue Véron que je connais déjà et dont la grisaille enveloppante me réchauffe toujours le cœur.

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