banlieuedeparis

De :"banlieuedeparis" <bdp03@wanadoo.fr>
À  :<"Undisclosed-Recipient:;"@wanadoo.fr>
Envoyé : Mardi 15 novembre 2005 6:05
Objet :Banlieue de Paris S43/ 2005

S43 /2005
banlieuedeparis / semaine 43 : lundi 24 - dimanche 30 septembre


Mardi 25 octobre 2005 - "Nanterre-Université", campus, ferme du Bonheur, R.N. 186, les Stades, Maison d'Arrêt des Hauts de Seine, parc le Chemin de l'Île, vieux Nanterre, "Nanterre-Ville"

Cf. CARTES > MICHELIN 17 (AU 38 - AV 37), IGN 2314 OT (B,2).

R.E.R. A - station "Nanterre - Université", NANTERRE - campus de l'Université Paris X, allée de l'Archéologie, avenue de la République (R.N. 186), les Arènes de Nanterre, la ferme du Bonheur, pont sur l'A. 86, les Stades en Bords de Seine, Maison d'Arrêt des Hauts de Seine, chemin de hallage, la Seine, jardins ouvriers, Papeterie de la Seine, parc du Chemin de l'Île, viaduc ferroviaire, viaduc de l'A. 14, centre bus R.A.T.P. de Nanterre, boulevard de la Seine, café hôtel meublé restaurant le Poisson Rouge, jardin des Acacias, centre sportif Voltaire, groupe scolaire Voltaire, avenue Henri Martin, marché couvert, boulevard du Couchant, rue Victor Hugo, rue Rigault, rue de Stalingrad, rue des Anciennes Mairies, rue Volant, rue de Stalingrad, rue Louis Meunier, villa Marthe, rue Rigault, rue de Pongerville, rue Victor Hugo, boulevard du Couchant, boulevard de la Seine, rue Béranger, R.E.R. A - station "Nanterre - Ville".

s432005.rtf (cliquer ici pour télécharger le texte au format rtf)
25 octobre 2005
(cliquer ici pour consulter l'intégralité de la promenade)

2 janvier 2005 (cliquer ici pour consulter la promenade du 2 janvier 2004)
f050102a.mov (cliquer ici pour consulter le film réalisé à partir de la promenade)

Cela fait depuis le mois de janvier que je veux revenir me promener à Nanterre. En fait, je connais très peu le coin et je n'ai presque pas d'images de cette ville pourtant si photogénique. Depuis la fenêtre du R.E.R., à certain endroit, on dirait un peu Berlin avant le bétonnage post- réunification, une succession de grands espaces déstructurés comme si il y avait eu la guerre (la crise pétrolière ?).

Je repense à ce film vu à l'espace Électra (3 août 2005) dans lequel le sculpteur Nicolas Schöffer présente son projet de " tour cybernétique ". Sur une butte qui domine la zone tout autour l'artiste héroïque, un chapeau en cuir mou sur la tête, se livre à un exposé face au paysage retourné, cet immense chaos où se mélangent des traces de bidonvilles en cours de résorption, des installations industrielles encore bien présentes, des tours H.L.M. proliférantes, des ballets incessants de toupies à béton et les chantiers titanesques des autoroutes. Ce projet d'édifier à Nanterre - La Défense, une tour de lumière haute de 400 mètres qui devait rendre visible les flux d'informations rythmant la vie de notre grande ville moderne à été abandonné par manque d'argent peu de temps après. Cela aurait pu avoir de la gueule d'éclairé ainsi la ville environnante ? C'était autre chose tout de même sur le plan artistique que le projet réfrigérant de la tour de l'Infini de Jean Nouvel... ou bien que ce pachyderme de la grande Arche. " La tour cybernétique " aurait peut-être été porteuse de cette poésie des panneaux indicateurs des trains du R.E.R. avec leurs noms évocateurs de quatre lettres ? ZEUS, TROL, SPOT, PÉPÉ, HIVA, KIKI. Je me remémore également cette longue balade du 2 janvier dernier où j'alternais train et marche à pied débutée sur l'esplanade des Invalides et qui se termina par le pur hasard de la dérive à Nanterre à la nuit tombée au bord de la Seine. J'avais envie d'aller voir depuis trop longtemps à quoi ressemblait cette partie inexplorée de l'agglomération. Mais ce fut trop bref, trop limité et trop nocturne. C'est de cette promenade cependant que me vient aujourd'hui le désir de découvrir le parc du Chemin de l'Île.

Le 14 septembre dernier à l'occasion d'un vernissage à la Villa des Tourelles, j'ai fait connaissance avec le vieux Nanterre mais je n'en ai pas pris d'images. Ce n'est pas évident d'aller en visite quelque part et d'avoir la disponibilité pour faire en même temps une promenade de banlieuedeparis. Aujourd'hui je me dis que je vais passer voir la ferme du Bonheur au cas où Roger est là. Ensuite, j'aurai peut-être le temps aussi pour passez dire bonjour à Sandrine. Si elle est toujours au travail. C'est serré parce que je pars vers 15h30... Je me décide précisément aujourd'hui à cause du Parisien qui prévoit le retour de la grisaille ! Il faudrait que je fasse un choix entre la promenade et ces visites mais je ne peux pas. Sur Internet, avant de quitter l'atelier, je situe avec précision la ferme du Bonheur le long de la R.N. 186 à l'arrière du campus, j'imprime la fiche de route.

Malgré examens et auscultations approfondis de la carte Michelin et de l'I.G.N. 2314, je ne suis pas vraiment fixé sur la gare où descendre. Je descends finalement in-extremis à " Nanterre - Université " parce que c'est la seule solution pour arriver à tout faire, mes visites et la promenade. À peine descendu du wagon du R.E.R. je m'enfourne à vive allure vers la sortie lorsque je prends conscience du paysage que l'on découvre depuis les quais de la gare. Je remonte les marches et j'enregistre beaucoup, beaucoup d'images. C'est aussi beau que Bobigny ! Et puis je retrouve quelques repères connus : la Préfecture, l'une des trois tours d'habitation en "Y" de la Gendarmerie Nationale dont nous parlions avec Olivier et enfin la barre d'H.L.M. où habite la jolie fille croisée à la projection de samedi soir. Son bâtiment occupe en effet tout le fond de la dernière image du petit spot publicitaire que j'ai réalisé à partir de ma promenade du 2 janvier : l'image 9353. La jolie fille dont j'ai oublié le prénom m'a dit que mon film donnait une image abominable de sa ville. Je me suis défendu en lui parlant de mon plaisir à errer ainsi dans ces couleurs nocturnes, plaisir que j'espérais faire partager grâce à cette image notamment. Je suis très énervé d'avoir oublié son prénom. Je ne me souviens même plus si je l'ai abonnée ou pas aux messages de banlieuedeparis. J'espère qu'elle lira ces lignes. Elle aurait peut être accepté de me guider dans une visite de son quartier.

Aujourd'hui, il n'y a finalement pas de lumière. J'enregistre quant même (comme un japonais). Sur le quai de la gare " Nanterre - Université " je me dis que j'ai eu tort de croire à la météo du Parisien. Le ciel se dégage parfois mais cela ne donne rien ! Je continue quand même sur ma lancée. J'essaie de fixer l'impressionnant ballet des trains de banlieue, le campus semble vraiment bien desservi, je le traverse. Cela hésite entre la prairie et la pelouse, entre Vincennes et Dauphine. Au milieu, les grillages qui entourent des terrains de tennis devenus impraticables servent de supports à des banderoles et affiches revendicatives encadrées par des plantes sauvages magnifiques qui grimpent dessus. Des ouvriers sont en train de préparer les poutres d'une charpente en lamellée collée défigurées par un vernis jaunasse. Je n'explore pas le campus mais j'enregistre encore beaucoup d'images à la volée, en marchant. Au fond sont installés des chapiteaux de cirque qui égaient un peu le paysage.

Arrivé sur la R.N. 186 j'enregistre inévitablement de nouvelles images de ce carrefour avec l'allée de l'Archéologie, puis je suis les indications de ma fiche de route, je tourne à droite. Derrière un mur formé par la façade d'un bâtiment ruiné on aperçoit un grand dispositif de trapèzes surmonté de lettres en métal qui écrivent dans le ciel " LES ARÈNES DE NANTERRE ". À l'intérieur je demande le chemin de la ferme du Bonheur à un petit groupe qui mènent une réunion au pied de cette structure. Je leur dis que je viens voir Roger. On me répond qu'il n'est probablement pas là mais que je peux aller voir au fond après le grillage… Il n'y a pas de signalétique. J'ai un peu l'impression de rentrer chez quelqu'un par effraction lorsque je me retrouve face à face avec des paons un peu boueux qui font mine d'être aussi surpris que moi. Au milieu d'un grand terrain nu, les bestioles ont une grande psyché pour pouvoir contempler leur grandes plumes. Après, je pénètre sous un auvent agricole avec de grandes tables en bois pour se réunir, des carrioles, des paniers accrochés à la charpente, un comptoir de bistrot en plein air où sèchent des coings avec à l'arrière de vieilles roulottes de cirque bricolées et un peu rouillées. Je n'ose pas enregistrer d'images. C'est trop intime. J'appelle mais il n'y a personne qui veuille me répondre mais je me sens potentiellement observé. Les paons qui m'ont suivi gardent leur distance mais font toujours mines d'être curieux de me voir là. Un chat vient se frotter contre moi. Je prends quand même quelques images des animaux. Enfin, je leur demande avant s'ils veulent bien. J'enregistre aussi une ou deux images des coings posés sur le comptoir puis je passe le bonjour à un troupeau de chèvres et aux volailles de basse cour groupées autour d'une marre derrière une jolie porte métallique percée d'une fenêtre en forme de cœur.

Revenu sur la R.N. 186 le contraste est saisissant. De l'autre côté j'enregistre une image du panneau d'entrée du complexe sportif " les Stades de Bords de Seine " situé à une trentaine de mètre en retrait derrière plusieurs grilles successives. En effet, entre le complexe sportif à proprement parler et la Route Nationale, une bande de terrain qui entoure une voie ferrée est rigoureusement enclose et forme une grand no-man's land où l'herbe est tondue ras façon crane de légionnaire. Le ballaste est entièrement neuf et chaque caillou qui en recouvre la surface est à sa place, impeccable. Je me demande si cette voie ferrée dessert la prison toute proche ou bien plutôt la papeterie. L'image des rails entourées de grilles me fait penser bien sûr aux images communes des différents camps de concentration Nazis.

Les paysagistes n'auraient-ils pas pu faire autre chose avec ces rails, ces grilles galvanisées hors de prix, faire quelque chose de beaucoup moins coûteux et qui ait un tout petit peu plus de sens quant à l'Entropie environnante et qui soit un tout petit peu plus humain de façon à rendre l'endroit un tout petit peu plus avenant ? Cela me rappel cette fliquesse du 14ème à qui je faisais remarquer que son lieu de travail n'était vraiment pas réconfortant, croyant lui apporter un soutient en parlant de ça. Elle m'avait répondu que c'était bien que ce soit sordide un commissariat parce qu'ils n'étaient pas là pour rigoler et elle ne plaisantait pas du tout.

Je m'engage dans cette allée perpendiculaire à la Route Nationale et qui dessert sur la gauche les terrains de sport, eux-mêmes protégés par des grilles. Des grilles anti-émeutes (c'était déjà d'actualité ?). J'enregistre des images de ce corridor ainsi que des terrains de sport situés derrière. Ensuite je pivote sur la gauche, et c'est seulement à ce moment que je réalise être juste devant la Maison d'Arrêt des Hauts de Seine. C'est visiblement une prison de Haute Sécurité. Je suis probablement hors la loi d'en enregistrer des images pour les mettre sur Internet comme je fais ? Ce lieu est voué à la disparition ? Ce qui rappelle aussi les camps Nazis ? Nanterre ? En fait, ce constat me renforce dans ma lancée, je prends encore plus d'images, je me déchaîne contre le paysage. Je verrais bien ce qu'en dit l'administration pénitentiaire. Au bout de l'allée de gravillon rectiligne, le corridor continue en zig-zag entre la première enceinte grillagée de la prison côté gauche et les plaques de ciment préfabriquées d'un poste de transformation haute tension à droite (toute ressemblance étant évidemment fortuite). Maintenant, en regardant mes images je me demande si les petits jeunes incendiaires n'ont pas vraiment raison de faire cramer ce décor dans lequel on veut nous obliger à vivre ? Est-ce que Sarko va avoir des paroles pour apaiser la situation ? N'est-ce pas lui le principal terroriste de l'affaire ? Il faudrait peut-être penser à l'interner d'urgence derrières ces grilles ? On trouvera facilement un dossier déjà tout prêt sur lui pour les juges ? Un passage au milieu des herbes folles semble praticable. J'ai l'impression de venir tout juste de me faire le mur et d'être en cavale mais c'est très peu probable. Au-dessus de la prison j'aperçois un réseau de câbles qui soutiennent probablement un filet pour éviter les évasions en hélicoptère. Sarko sera bien gardé ! Mes photos ne seront sans-doute pas assez précises pour servir de documents opérationnels. Après plusieurs virages le corridor débouche sur le chemin de halage à 50 mètres de la Seine.

Je tourne à gauche, en direction de l'échangeur de l'A.14 et du parc du Chemin de l'Île en cours d'aménagement. Quelques jardins ouvriers tout neufs semblent imiter le dispositif pénitancière. Il n'est pas question que les quelques jardiniers (triés sur le volet parmi les candidats en liste d'attente) ne transforment leurs cabanes pour dormir sur place ou vivre là ! Alors qu'il n'y a pas assez de logements ! Je passe au dessus d'une douve. Le parc comprend tout un réseau aquatique où poussent des plantes d'eau. Je longe maintenant le muret en plaques de ciment préfabriquées de la Papeterie de la Seine. De gros oiseaux noirs, peut-être des corneilles, des grands corbeaux ou bien des vautours (?), planent au-dessus des gros parquets compactés de papiers récupérés qui s'empilent à perte de vue sur plusieurs mètres de hauteur. Plus loin, alignées sur les lignes hautes tension des milliers d'hirondelles se réunissent. Enfin je crois que ce sont des hirondelles, j'enregistre encore plein d'images. Le viaduc de l'A.14 est comme une cathédrale. Une sculpture rouillée représentant le squelette d'une tête de dinosaure fait penser plutôt à la carcasse d'une voiture. Le message n'est pas trop difficile à décoder.

Je croise quelques personnes avec chiens, puis je tombe sur un vigile qui me dit que c'est normalement fermé et il ne parle pas de la seconde partie du parc complètement clôturée derrière de nouvelles grilles noires toutes neuves ultra-design. J'évoque le principe fondamental de la libre circulation le long des voies d'eau et lui demande s'il pourrait rappeler cela à ses patrons qu'ils sont probablement en dehors de la légalité en fermant de la sorte l'accès à cette rive de la Seine sans raison valable. Il m'assure qu'il va transmettre puis on discute du succès de fréquentation que le futur parc rencontre déjà le week-end… Ensuite, au bord de l'eau je repère un passage mais il est piégé par une treillis soudé posé horizontalement à quelques dizaines de centimètres du sol et caché par les herbes. C'est idéal pour faire un plongeon direct dans le fleuve. J'en enregistre une image, une pièce à conviction. Le vigile me fait signe de passer de l'autre côté, je me faufile donc entre deux grilles de chantier entrebaîllées à cet effet juste en face du dépôt R.A.T.P.

Boulevard de la Seine l'urbanisation reprend. J'enregistre des images des lanières obliques du parcellaire que l'on découvre sur la gauche juste après l'hôtel meublé le Poisson Rouge en face d'une petite Zone d'Activités. Un peu plus loin à droite du boulevard j'aurais envie d'aller voir à quoi ressemble cette cité au fond du jardin des Acacias avec ces tours rondes qui ont l'air assez coquettes. La nuit tombe rapidement. De retour sur la Route Nationale il fait déjà nuit. La section du boulevard de la Seine entre le boulevard Henri Martin et la gare R.E.R. de " Nanterre - Ville ", me donne envie d'habiter là, à mi-distance de beaucoup de choses. Une belle halle de marché toute neuve a été construite sur la couverture de l'autoroute.J'emprunte le passage sous-terrain pour aller jusqu'à la rue des anciennes Mairies au cas de plus en plus improbable où Sandrine serait toujours au travail. La Villa des Tourelles est évidemment fermée. En face, le hall du conservatoire de musique est plein de gens qui attendent le début d'une séance public de l'émission Pollen radio-diffusée sur France-Inter. Je fais des allers-retours dans le vieux Nanterre. J'aime beaucoup ce bistrot à l'angle de la rue Volant et de la rue des anciennes Mairies, je rentre y boire une bière. Dehors j'enregistre encore beaucoup trop d'images. Je m'aperçois que j'en ais déjà enregistrées plus de 700 alors qu'il n'y avait même pas de lumière et que je n'ai pas exploré la centième partie de ce que je voudrais explorer dans cette ville.

Les jours suivants la météo tourne au vrai beau temps, un record historique de douceur, une lumière formidable et je reste scotché devant mon ordinateur.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

v

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

pour consulter l'intégralité des images de banlieuedeparis, les précédents messages, la présentation du projet : www.banlieuedeparis.org
pour s'abonner ou se désabonner :banlieuedeparis@free.fr